Population
Au recensement de 2013, l’Aquitaine compte 3 316 889 habitants[27] ce qui témoigne d’une augmentation démographique persistante, après la dépopulation enregistrée pendant la seconde moitié du XIXe siècle et la première partie du XXe siècle. L’Aquitaine est redevenue attractive car c’est le solde migratoire favorable qui porte la croissance retrouvée[28].
Dépopulation pendant près d’un siècle (1851-1954)
Alors que de 1801 à 1851, l’Aquitaine a gagné un peu plus de 400 000 habitants, la seconde moitié du XIXe siècle est marquée une modeste progression de la population, de l’ordre de 60 000 individus. Deux mécanismes permettent de comprendre ce ralentissement. Tous les départements sont affectés par une baisse significative des naissances en raison d’un certain malthusianisme pratiqué par presque toutes les classes sociales, mais plus significativement au sein de la population rurale alors nettement dominante. D’autre part, l’exode rural commence à affecter les campagnes, heureusement au profit principalement de la ville de Bordeaux portée par la croissance de son économie et de son port, ce qui permet à l’Aquitaine de stabiliser, en légère croissance, sa population à 2 270 000 personnes en 1901.
On imagine sans peine les effets dévastateurs de la Première Guerre mondiale sur l’évolution de la population entre 1901 et 1921. Non seulement la période n’était pas propice à une reprise des naissances en raison des incertitudes politiques et économiques, mais de plus des milliers de jeunes aquitains sont partis au front, faisant chuter la fécondité familiale pendant le conflit, mais également après parce que bon nombre de ces jeunes adultes ont été tués. Le solde naturel devient fortement négatif sous le double effet d’une faible fécondité et d’une augmentation du nombre des décès pendant la Première Guerre mondiale.
Entre les deux guerres et pendant la Seconde Guerre mondiale, on a assisté à une légère reprise de la croissance de la population en Aquitaine. La région comptait 1 715 665 habitants en 1946. À cette évolution légèrement favorable deux explications : l’immigration et l’arrivée de français chassés par l’avancée de l’armée allemande. L’entre-deux-guerres a connu une première phase de repeuplement en faisant appel à des populations étrangères. Ce furent principalement des Italiens recrutés pour travailler dans des exploitations agricoles dépourvues de bras pour effectuer les travaux de la terre. Le Lot-et-Garonne a été la principale destination de ces italiens venus particulièrement de la plaine du Pô. Il convient d’y ajouter des Espagnols fuyant la guerre civile se déroulant dans leur pays. L’exode des habitants de la France du nord sous la poussée des troupes allemandes a conduit certains de ces réfugiés à se fixer pour une longue période en Aquitaine.
Au recensement de 1954, l’Aquitaine compte à nouveau 2 221 000 habitants, soit la même valeur qu’en 1851. Si la reprise démographique est réelle en raison notamment d’un renouveau de la fécondité et de la poursuite de courants migratoires, elle ne doit pas masquer que cet accroissement permet de retrouver tout juste le niveau atteint un siècle auparavant.
Redressement démographique des années 1960 à nos jours
À partir de 1954, l’Aquitaine enregistre régulièrement des gains de population : plus de 200 000 personnes entre 1954 et 1968, idem entre 1968 et 1982, 300 000 environ entre 1982 et 1999. Les trois millions d’habitants sont atteints au moment où on entre dans le XXIe siècle. Le recensement de 2006 fixe à près de 3 200 000 le nombre d’Aquitains.
Cette croissance s’accompagne de deux changements spectaculaires. Après des taux de croissance de la population en Aquitaine plus modestes que ceux de la plupart des autres régions, ce taux passe à 1 % annuellement, ce qui est mieux que la moyenne nationale (0,7 %) et place l’Aquitaine parmi les régions les plus dynamiques pour ce qui est de la croissance de la population, derrière le Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Preuve que la moitié sud du pays est devenu aujourd’hui attractive. En effet, ce taux de croissance repose principalement sur des apports migratoires. Ceci constitue le second changement spectaculaire. L’Aquitaine, malgré les gains de population, demeurait une terre de départ pour les plus jeunes qui allaient chercher des emplois dans les régions les plus dynamiques, région parisienne en tête. Si aujourd’hui, les 20 à 25 ans continuent d’avoir un solde négatif en raison de départs supérieurs aux arrivées, il n’en est plus de même pour les autres tranches d’âges et on ne peut plus dire que l’Aquitaine accueille seulement des retraités retournant au pays[29].
Ce redressement ne doit pas occulter que sur le plan de la densité, l’Aquitaine, avec 76 habitants au km2, demeure très en deçà de la moyenne nationale proche de 100. De plus, cette croissance est inégalitaire[30].
Le poids de la Gironde s’accroît régulièrement
Un premier graphique « la population en Aquitaine, base 100 en 1851 », permet d’apprécier les différentes trajectoires de croissance des départements aquitains. 1851 étant l’année du maximum pour tous les départements, observons les évolutions par rapport à cet optimum qui est suivi d’une phase de dépopulation pour l’Aquitaine. Les situations sont très contrastées.
La Gironde caracole en tête avec un indice qui passe de 100 à près de 230, soit plus de 100 % de taux de croissance. Alors que le reste de l’Aquitaine souffre de dépopulation, la Gironde continue de gagner des habitants. En dépit d’un très léger fléchissement entre 1990 et 1999, son taux de croissance reste régulier et très soutenu dans la période récente. Il est évident que cette situation est étroitement liée à la présence de l’agglomération de Bordeaux et à l’attractivité du littoral, notamment le bassin d’Arcachon. Ce point sera évoqué plus loin.
Deux départements, les Pyrénées-Atlantiques et les Landes, comptent désormais plus d’habitants qu’en 1851[31]. Toutefois, le taux de croissance de 20 % pour les Landes et de 30 % pour les Pyrénées-Atlantiques reste très en deçà de celui atteint par la Gironde. De plus, au début des années 1980, les Landes n’avaient pas retrouvé leur niveau de 1851. Durant les dix dernières années, le taux de croissance de ces deux départements ne faiblissent pas tant ils sont favorisés par l’attractivité de leur littoraux et dans le cas des Landes par la proximité de l’agglomération de Bayonne.
Les deux derniers départements aquitains, Lot-et-Garonne et Dordogne, n’ont toujours pas retrouvé leur niveau de population de 1851, malgré des taux de croissance favorables. À cela deux raisons principales. Fortement agricoles au moment de la dépopulation, dépourvus de grandes villes, ils ont enregistré les régressions de population les plus fortes, plus de 100 000 habitants de moins chacun entre 1851 et 1936. Dans les années suivantes, le taux de croissance redevenu positif demeure trop faible pour compenser de si lourdes pertes. D’autant que ces deux départements sont touchés par un exode rural amplifié durant la période des « Trente glorieuses »
Ces inégalités sur le plan de la croissance expliquent que le poids démographique de la Gironde est en constante augmentation et cela ressort clairement dans le graphique « Part des départements dans la population de l’Aquitaine ». Alors que le « poids » démographique était de l’ordre de 33 % en 1876, il atteint presque 45 % en 2006. Seules les Pyrénées-Atlantiques accroissent leur part, mais de manière moins significative. Gironde et Pyrénées-Atlantiques regroupent en 2006 près des deux tiers de la population de l’Aquitaine. Pendant ce temps la part des autres départements régresse continuellement, à l’exception des Landes à condition que la forte croissance observée durant la dernière décennie pour ce département se poursuive dans les années qui viennent. En tout cas, Dordogne, Landes et Lot-et-Garonne, ne rassemblent plus qu’un tiers des habitants de l’Aquitaine contre 50 % en 1876.
Le croît naturel joue désormais un rôle modeste dans cette croissance
Au même titre que la France, l’Aquitaine enregistre une reprise de la natalité après la Seconde Guerre mondiale. Même si cette reprise est moins forte que pour la France entière, les taux de natalité sont désormais suffisamment élevés pour permettre de dégager un solde naturel positif. Encore évalué à 14 ‰ dans les années 1969, le taux de natalité plonge à 11 ‰ dans la décennie suivante (on se reportera au graphique « évolution de la natalité et de la mortalité en Aquitaine ») si bien que le solde naturel s’amenuise rapidement, avant de devenir négatif dans les années 1980 et 1990, en débit de la baisse régulière du taux de mortalité. La décennie actuelle amorce un renouveau des naissances ce qui s’accompagne d’un solde naturel à nouveau positif[32].
On se doute que les départements de l’Aquitaine participent à ses évolutions de manière très différenciée. Le graphique « Évolution du solde naturel en Aquitaine par départements (‰) » permet de dégager plusieurs tendances au cours des dernières années. Du fait de naissances moins nombreuses en Aquitaine, le solde naturel pour ‰ est inférieur de deux points à celui de la France entière. Seule la Gironde se rapproche du comportement national. Un groupe de trois départements, Landes – Lot-et-Garonne – Pyrénées-Atlantiques, présentent des évolutions comparables avec des soldes naturels presque toujours négatifs, sans toutefois générer de graves déficits. La Dordogne, enfin, se signale à la fois par son faible taux de natalité et sa plus forte mortalité, ce qui se traduit par un déficit naturel négatif compris supérieur à −3 ‰.
Une fois de plus, ce sont les comportements démographiques observés en Gironde qui assurent à l’Aquitaine un gain des naissances sur les décès. Si on prend en compte les données pour 2008, le solde naturel positif (+4 862) de la Gironde compense à lui seul les pertes des autres départements (dont plus 1 000 personnes en Dordogne) de telle manière que l’Aquitaine a gagné un peu moins de 3 800 personnes.
Pour comprendre les évolutions du croît naturel en Aquitaine, il faut faire intervenir deux grandes explications : la fécondité des ménages et la structure par âges.
En ce qui concerne la fécondité des ménages, l’Aquitaine continue de se démarquer en ayant un indice (nombre d’enfants par femme en âge de procréer) inférieur à celui de la moyenne en France. En 1982, le taux de fécondité de l’Aquitaine était de 1,7 enfant par femme en âge de procréer contre 1,9 pour la France entière. Cet écart est identique en 2006.
Les choses se compliquent quand on observe les résultats par département (voir le graphique). En effet, le taux de fécondité, supérieur à 1,8, est plus élevé dans les départements les plus ruraux, alors qu’il est plus faible dans les départements les plus urbanisés, les Pyrénées-Atlantiques et surtout la Gironde, où le taux de fécondité est inférieur à 1,7.
La structure par âges est finalement l’élément le plus déterminant dans l’évolution du croît naturel dans les départements aquitains. En raison du départ des plus jeunes adultes, du maintien des personnes âgées et de l’arrivée de retraités, les départements les plus ruraux vieillissent. Et quels que soient les progrès réalisés en matière de soins, la présence d’une forte proportion de personnes âgées induit un taux de mortalité élevé comme on l’a montré notamment pour la Dordogne[33].
En faisant le rapport des moins de 20 ans sur les plus de soixante ans, on dresse la carte de l’indice de jeunesse des différentes zones de l’Aquitaine (voir la figure). Ainsi se détachent, en raison de leur indice de jeunesse très favorable, les grandes agglomérations de la région Aquitaine. Malgré une fécondité plus basse que l’ensemble de l’Aquitaine, l’aire urbaine de Bordeaux dégage un solde naturel important. À noter cependant que Périgueux et Bayonne ont un indice moins favorable. Périgueux en raison du vieillissement plus prononcé et Bayonne probablement à cause de l’arrivée de retraités sur le littoral basque. C’est aussi pour cette raison que l’aire urbaine d’Arcachon a un solde naturel négatif.
Les départements qui ont conservé un caractère plus rural, Dordogne, partie intérieure des Landes et Lot-et-Garonne, sont affectés par le vieillissement de la population, ce qui induit des taux de mortalité élevés qui ne compensent pas les naissances.
Attractivité actuelle de l’Aquitaine en matière de migrations résidentielles
L’Aquitaine a été jusqu’aux années 1960 une terre de départs faute de pouvoir fixer sur son territoire sous-industrialisés tous ceux qui quittaient les campagnes. La situation s’inverse par la suite de telle manière que la part du solde migratoire dans la croissance totale de la population de l’Aquitaine s’accroît de plus en plus. Cette part du solde migratoire dans la reprise de la croissance démographique, était de 35 % dans les années 1960, de 60 % en moyenne dans les années 1970-1980 et de 90 %, parfois plus suivant les années, depuis 1990. En 2009, l’INSEE, sur la base d’estimation, fixe à 0,88 le taux annuel de croissance dû au solde migratoire pour les dix dernières années. À cette même date, à titre de comparaison, le taux moyen annuel pour la France entière est de 0,25. Cette accélération de l’excédent migratoire porte la croissance de la population en Aquitaine : durant les dix dernières années, 90 % des nouveaux habitants en Aquitaine sont issus du solde migratoire, soit plus de 260 000 personnes[34].
Cet excédent résultant des migrations résidentielles (changement de lieu de résidence) profite à tous les départements de l’Aquitaine, mais pas dans les mêmes proportions (voir le graphique).
La Gironde est le grand bénéficiaire de ces changements de résidence, puisqu’elle attire plus de 110 000 personnes contre 45 000 vers les Pyrénées-Atlantiques, de l’ordre de 30 000 en Dordogne et Landes, 23 000 en Lot-et-Garonne. C’est aussi la Gironde qui a le plus grand nombre de sortants. Pourtant, le différentiel entre entrants et sortants reste très favorable à la Gironde, qui gagne 30 000 nouveaux venus contre 15 000 au mieux dans les Pyrénées-Atlantiques et le Landes, moins encore en Dordogne et Lot-et-Garonne[31].
Cet excédent migratoire concerne toutes les tranches d’âges. Plus de la moitié des nouveaux Aquitains ont entre 30 et 59 ans, dont un tiers a moins de 45 ans. En venant en famille avec des enfants, ces derniers confortent la tranche d’âges de 5 à 14 ans, notamment dans les villes et plus particulièrement dans l’agglomération bordelaise. Seule la tranche des 20 à 29 ans enregistre un solde négatif en raison de départ de ces jeunes adultes vers des villes universitaires ou vers les pôles économiques plus attractifs. Pour cette raison des flux migratoires importants demeurent avec la région parisienne[35].
Des migrations internationales plus diversifiées
Un peu moins de 40 000 nouveaux Aquitains proviennent de l’étranger durant la période 1999-2006. Cet apport est modeste par comparaison avec le solde des migrations résidentielles, mais il s’inscrit dans une longue tradition d’immigration[36].
Compte tenu de l’arrivée d’immigrants européens, italiens principalement, l’Aquitaine pouvait apparaître comme une terre d’accueil au sortir de la Seconde Guerre mondiale. On y relevait 4,8 % d’étrangers, soit un peu plus que la moyenne en France. C’est à la fin des années 1950 que cette immigration reprend pour répondre aux besoins en main-d’œuvre dans les campagnes, au développement de l’industrie dans les villes et dans quelques centres mono industriels tel Fumel en Lot-et-Garonne, à la demande du bâtiment et des travaux publics en raison de la construction de logements dans des grands ensembles et d’infrastructures routières. Bénéficiant de sa proximité par rapport à la péninsule Ibérique, l’Aquitaine attire des Espagnols d’abord, puis des Portugais, enfin des Marocains et des Algériens. Cet apport migratoire atteint un pic dès la fin des années 1960, si bien que l’Aquitaine comptait 145 000 immigrés au recensement de 1975.
En raison de la crise économique liée au choc pétrolier, des restrictions à l’immigration appliquées par les différents gouvernements, les flux d’immigrés se ralentissent et surtout se diversifient. Les immigrants en provenance de l’Afrique subsaharienne, de Turquie, de pays asiatiques se font plus nombreux. S’y ajoutent de nouveaux venus de nationalité européenne, plus particulièrement les Britanniques qui s’installent, notamment, en Dordogne.
Les Espagnols sont de moins en moins nombreux en raison du choix de devenir français, des décès et de quelques retours au pays. Cela reste cependant la communauté étrangère la mieux représentée en Aquitaine. Les Portugais sont presque aussi nombreux désormais, mais les flux se tarissent. Le nombre d’Italiens régresse faute de nouvelles arrivées et en raison des décès dans une population qui vieillit et qui adopte la nationalité française. Les ressortissants asiatiques progressent également, mais dans des proportions moindres.
À ce stade il est nécessaire de faire la distinction entre immigrés et étrangers (se reporter au schéma). Selon le recensement de 2006, l’Aquitaine compte 175 000 immigrés, soit un peu plus de 5 % de la population totale de cette région. Sur ce nombre, plus de 70 000 nés à l’étranger ont acquis la nationalité française. Ce sont principalement les Espagnols et les Portugais qui font cette démarche, mais de plus en plus de personnes originaires du Maghreb font de même. Restent environ 101 300 immigrés considérés comme des étrangers parce qu’ils ont une autre nationalité que française. À cette valeur il convient d’ajouter les naissances parmi ces familles étrangères, ce qui porte à 117 000 la population étrangère en Aquitaine.
Ces étrangers s’installent prioritairement en milieu urbain, soit à la suite de migrations résidentielles après une première installation en milieu rural, soit directement pour les flux les plus récents, notamment ceux en provenance des pays asiatiques. De ce fait, la Gironde cumule les plus gros effectifs d’étrangers (55 000) et les provenances les plus diversifiées ; ils sont plus de 20 000 de nationalités diverses. Portugais (11 000) et Marocains (9 600) forment les communautés les plus importantes, suivis par les Espagnols et les Britanniques. On relève 25 000 étrangers dans les Pyrénées-Atlantiques où on note surtout la forte présence espagnole (8 400) en raison de la proximité frontalière. La Dordogne constitue un cas très particulier en raison de la forte présence de britanniques qui ont apprécié ce département et acheté des résidences. Du fait des besoins en main-d’œuvre dans les exploitations légumières et fruitières, d’autres communautés étrangères sont bien représentées. C’est pour cette même raison que le Lot-et-Garonne fixe des étrangers, principalement des marocains. Finalement, seul le département des Landes tombe au-dessous de 10 000 étrangers, principalement originaires de la péninsule ibérique et travaillant surtout dans le bâtiment.
Croissance de la population active
Après une phase de léger repli de la population active en Aquitaine entre 1954 et 1975, en opposition totale avec la croissance observée dans le reste du territoire métropolitain en raison de la croissance économique pendant cette période, le nombre d’actifs en Aquitaine progresse désormais régulièrement passant de un million d’actifs au début des années 1970 à près de deux millions au recensement de 2006. Cette évolution est à mettre en rapport avec la croissance de la population, l’arrivée de migrants adultes qui viennent gonfler l’effectif des travailleurs, le nombre toujours plus élevé de femmes parmi les actifs.
Le taux d’activité varie en relation avec les périodes de la vie. De l’ordre de 70 % pour l’ensemble de la population, il tombe à moins de 50 % pour la tranche des jeunes adultes et pour celle des personnes proches de la retraite. L’entrée dans la vie active des 15 à 24 ans est de plus en plus tardive en relation avec la poursuite des études pour une part toujours plus grande d’étudiants, mais également du fait de la difficulté de décrocher un premier emploi ce qui peut d’ailleurs pousser un certain nombre à poursuivre des études dans le supérieur[37]. En ce qui concerne les 55 à 64 ans, on retrouve un taux d’activité très bas, moins de 40 %, signe tangible des départs à la retraite toujours possible en France à partir de 60 ans, mais aussi des mises en préretraite très pratiquées en France à la différence d’autres pays de l’espace européen. C’est bien entendu entre 25 et 54 ans que le taux d’activité atteint les sommets[38].
Si les femmes sont toujours plus nombreuses à être active, il n’en reste pas moins qu’elles ont plus de mal que les hommes à y parvenir. Dans toutes les tranches d’âges, le taux d’activité des femmes est inférieur à celui des hommes. Relevons, particulièrement, que les femmes entrent encore plus difficilement que les hommes dans le marché du travail : le taux d’activité des femmes de 15 à 24 ans plongent au-dessous de 30 %. Et ce n’est pas la maternité qui justifie une telle différence quand on sait que les naissances interviennent de plus en plus tardivement.
Moins d’agriculteurs et plus d’employés
Les changements dans les catégories socioprofessionnelles sont spectaculaires entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et aujourd’hui. Au cours des années 1950 et 1960 on assiste à un véritable effondrement dans la catégorie « d’agriculteurs exploitants » ainsi que dans celle des « Artisans, commerçants, chefs d’entreprise ». Ces deux catégories totalisent en 2006 à peine 10 % de la population active en Aquitaine : 3,9 % pour les agriculteurs exploitants, 7,2 % pour le monde des artisans et des commerçants. Malgré tout, ces valeurs sont plus élevées, de deux points, qu’en France métropolitaine, ce qui s’explique par le caractère rural plus marqué en Aquitaine.
La part des « cadres et professions intellectuelles supérieures » ainsi que celle des « professions intermédiaires » a régulièrement progressé pour atteindre respectivement 12,3 % et 23,7 % en 2006. Cela traduit la montée des fonctions d’encadrement et des postes à qualification. Au sein des professions intermédiaires on y trouve du personnel de santé (infirmières) et du social (assistantes sociales notamment) qui sont en constante augmentation en réponse aux demandes de la société. Cependant, ces catégories sont légèrement sous-représentées en Aquitaine par rapport à la France métropolitaine.
En Aquitaine comme en France, les employés sont désormais plus nombreux que les ouvriers et ces deux catégories regroupent plus de 50 % de la population active : 29,7 % d’employés (28,6 % en France) et 23,8 % d’ouvriers (23,2 % en France).
Si la part des employés est quasiment identique d’un département à l’autre en Aquitaine, il n’en est pas de même pour les autres catégories socioprofessionnelles. La Gironde, département le plus peuplé et surtout celui dominé par une agglomération de plus de 700 000 habitants, se démarque des autres en raison de la surreprésentation des fonctions d’encadrement, avec des valeurs proches de la moyenne nationale, ainsi que par la moindre part des ouvriers, artisans et agriculteurs exploitants. Dans une moindre mesure, les Pyrénées-Atlantiques présentent les mêmes caractéristiques. Nul doute que les fonctions métropolitaines de Bordeaux et, à un degré inférieur, celles regroupées dans les deux agglomérations de Bayonne et Pau (plus de 100 000 habitants), constituent des facteurs favorables à la forte représentation des cadres, des professions intellectuelles et des professions intermédiaires, tant dans le secteur public que le secteur privé. S’y localisent également les plus grandes entreprises qui font appel au « service aux entreprises » ce qui accroît la part des employés au détriment des ouvriers.
Par opposition les trois autres départements demeurent marqué par la ruralité : pourcentage plus élevé d’agriculteurs exploitants, d’artisans et commerçants, moindre appel aux fonctions d’encadrement et forte représentation du monde ouvrier. Ces caractères sont moins prononcés dans les Landes en raison de l’urbanisation en relation avec le tourisme littoral, plus accentués dans les deux départements de l’intérieur, Dordogne et Lot-et-Garonne étant plus dépendants des activités agricoles.
Une tertiarisation accrue
Régulièrement, notamment entre les deux derniers recensements, le secteur agricole est en recul tandis que celui de l’industrie plafonne et cette perte ou cette stagnation en effectif traduit leur effacement par rapport au secteur tertiaire qui rassemble plus de « 900 000 » personnes en 2006, soit plus de 70 % de la population active en Aquitaine.
L’agriculture compte désormais quelque 80 000 actifs et ne représente plus que 6 % des actifs de l’Aquitaine. Ce secteur demeure cependant plus important en Aquitaine qu’en France métropolitaine où on est tombé sous la barre de 4 %.
L’Aquitaine a presque toujours été considéré comme sous-industrialisée. De plus, ce secteur d’activité est dominée par des petites et moyennes entreprises soumises de plus en plus à la concurrence internationale. Quelques grands groupes, principalement dans les grandes villes ont créé des emplois, de même que des entreprises innovantes. Ceci permet de stabiliser les emplois autour de 165 000 actifs durant la dernière décennie. La part de l’industrie, 13 % pour l’Aquitaine, est inférieure au taux observé en France métropolitaine (15 %). Dans les deux cas cependant, la désindustrialisation est à l’œuvre et devrait se poursuivre.
Le nombre d’actifs dans l’industrie doit être rapproché de celui observé dans le secteur « service aux entreprises » qui rassemble plus de 140 000 emplois en Aquitaine et peut ainsi apparaître comme tout aussi important. Or les liens entre entreprises industrielles et service aux entreprises est évident. Les premières externalisent une partie de leurs activités dans des domaines aussi différent que la recherche ou la restauration et le nettoyage. Si l’évolution est la même en Aquitaine et en France, il convient de souligner que la part du service aux entreprises est un peu plus faible en Aquitaine (11 %) qu’en France métropolitaine (13 %) car les grandes entreprises y sont moins nombreuses alors que ce sont ces dernières qui externalisent le plus certains processus.
Ce service aux entreprises n’est qu’un des éléments du secteur tertiaire qui apparaît de plus en plus comme un fourre-tout regroupant, à l’exception de la construction, la majorité des activités qui n’appartiennent pas au domaine de la production. Outre les services aux entreprises, deux branches comptent par leurs effectifs ; le commerce et les services aux particuliers. Avec presque 170 000 emplois, le commerce dépasse en effectif l’industrie. C’est dans ce secteur que se recrute la majorité des employés qui prédominent dans les catégories socioprofessionnelles. La branche du service aux particuliers est en croissance continue, favorisé par une demande sociale soutenue, par les besoins en matière de santé et par des mesures fiscales incitatives pour que les ménages créent des emplois.
Au même titre que les catégories socioprofessionnelles et pour les mêmes raisons dans la majorité des cas, on relève de fortes différences entre les départements. La gironde se signale par la place qu’occupe le secteur des services aux entreprises qui fait jeu égal avec le commerce. La présence de la métropole bordelaise n’est pas étrangère à la domination de ces deux branches, mais s’y ajoute le rôle que joue Bordeaux pour toute sa zone d’influence qui couvre tout ou partie de l’Aquitaine. En ce sens ces données soulignent la vocation régionale d’une grande agglomération. On peut noter également que le département des Landes apparaît un peu plus industrialisées probablement en raison des activités liées au bois, mais aussi parce que les autres activités sont moins bien représentées. Le Lot-et-Garonne se démarque avec un taux plus élevé dans la branche commerce, la Dordogne par celle de la construction.
Les mêmes données reprises par départements et non plus par grands secteurs d’activités permettent de faire ressortir avec tout autant de force que précédemment la domination de la Gironde en Aquitaine. Rien d’étonnant puisque les activités sont étroitement liées à l’importance de la population. La Gironde « pesait » plus de 45 % de la population de l’Aquitaine, il en est pratiquement de même pour chaque secteur d’activités, toujours à plus de 40 %. Toutefois, ce regard par département fait mieux ressortir encore la spécificité de la domination de la Gironde dans la part des services aux entreprises qui grimpe à près de 60 %. C’est bien le rôle de l’agglomération bordelaise dans son département et dans sa région qui explicite les taux observés en Gironde.
Chômage
L’évolution du chômage en Aquitaine est comparable à ce qu’on observe en France métropolitaine. Souvent plus élevé que celui du pays, parfois un peu moins. De moins de 2 % de la population active au début des années 1970, la part du chômage a considérablement augmenté sous l’effet de la crise économique liée au renchérissement du pétrole, puis des dépressions successives qui affectent l’économie mondiale et qui se répercutent sur la croissance économique nationale et régionale[39].
Les taux de chômage les plus élevés s’observent au début des années 1990, au-delà de 11 % annuellement et jusqu’à 13 % en 1994. Puis, la décrue du chômage se manifeste dans la seconde partie des années 1990 pour atteindre 8 % de la population active. Pendant cette période, le taux de chômage en Aquitaine est un peu plus élevé que celui de la France métropolitaine.
Durant les premières années de la décennie 2000, le chômage repart un peu à la hausse mais se stabilise autour de 9 % avant de connaître un recul très significatif entre 2005 et 2007, au-dessous de 8 % qui n’était pas arrivé depuis longtemps. Malheureusement, cette amélioration est sans lendemain car la crise financière qui éclate à partir de 2008 propulse de nouveau le taux de chômage vers des sommets. Les 9 % sont dépassés et il est à craindre que la dégradation durant l’année 2010 se poursuive. Si le taux de chômage en Aquitaine est légèrement inférieur à celui de la France métropolitaine, il est difficile d’en tirer des conclusions significatives sur la meilleure résistance de l’économie locale. Il vaut mieux attendre pour vérifier que ce moindre impact en région Aquitaine n’est pas seulement le fait d’un décalage dans l’effet de la crise, celle-ci pouvant ensuite se prolonger plus longtemps en Aquitaine.
La situation de chaque département au regard du chômage, au sens du recensement de 2006, fait apparaître le meilleur comportement des Pyrénées-Atlantiques, la grande similitude entre la situation de la Gironde et celle de la France et la bonne résistance des autres départements. Toutefois, au sens du recensement, le graphique a l’intérêt de mettre en lumière le rôle du chômage des femmes dans le taux général du chômage. Quand ce taux de chômage est au pire de 10 % pour les hommes, il est largement supérieur pour les femmes, grimpant même à près de 14 % dans les Landes, la Dordogne et le Lot-et-Garonne. Il est probable que nombre d’emplois féminins soient saisonniers tant dans le secteur agricole que dans celui du tourisme. Une chose est certaine, il est plus aisé pour une femme de trouver du travail dans le département de la Gironde bien que la part des femmes parmi les chômeurs soit déjà plus forte dans la France métropolitaine, que dans les autres départements de l’Aquitaine. C’est dans les Landes que les femmes ont le plus de mal à ne pas être expulsé du marché du travail. Ainsi se vérifie que la grande agglomération permet plus aisément de trouver un emploi, surtout pour les deux membres du couple.
En même temps, l’attractivité de la Gironde et surtout de l’agglomération bordelaise sur les populations à la recherche d’un travail, a des effets négatifs sur le taux de chômage car nombre de ses demandeurs ne trouvent pas immédiatement un emploi.
À l’échelle des zones d’emplois de l’Aquitaine, on observe qu’en 2009, les bassins d’activités en zone rurale sont plus affectés que les autres par la montée du chômage. Alors qu’au quatrième trimestre 2009 le taux de chômage de l’Aquitaine est de 8,9 %, il dépasse 10 % dans quatre territoires : Bergerac, Bordeaux-Médoc, Bordeaux-Cubzac, le sud des Landes et Villeneuve-sur-Lot. Il faut y voir l’effet des difficultés que rencontrent des entreprises industrielles de taille très moyenne en position de mono-activité dans leur zone d’emploi.
Parmi les différentes raisons qui jouent dans la montée du chômage, on sait que le manque de qualification et/ou de formation est un facteur important. Même si on peut regretter que 18 % des aquitains ne disposent d’aucun diplôme (20 % dans la France métropolitaine), on doit cependant souligner que le nombre de diplômés progresse selon des évolutions comparables à celles du pays. Des progrès restent à effectuer dans la mesure où seulement un gros tiers des habitants de l’Aquitaine détiennent un baccalauréat ou un diplôme de niveau supérieur. À noter que ceux qui terminent leurs études supérieures, au-delà des deux premières années, sont moins nombreux en proportion que pour la France entière, signe des départs de ces jeunes vers d’autres régions plus attractives, notamment l’Île-de-France.
Grandes villes
Communes les plus peuplées
Classement des communes d’Aquitaine les plus peuplées (10 000 habitants ou plus ; population municipale en 2013).
Davantage d’informations Rang, Commune …
Fermer
Poussée de l’urbanisation en Aquitaine
Région rurale, l’Aquitaine enregistre avec un certain décalage la poussée de l’urbanisation qui affecte la France comme la plupart des pays industrialisés. En 1954, les communes rurales, celles qui regroupaient moins de 2 000 habitants agglomérés, rassemblaient 55 % de la population de l’Aquitaine, soit une situation inverse du territoire national où les communes urbaines (plus de 2 000 habitants agglomérés) totalisaient 55 % de la population du pays. Au cours des années 1960, en relation avec l’industrialisation qui renforce l’attractivité des villes, la population urbaine devient majoritaire en Aquitaine : 59 % en 1968, 65 % en 1982. Si la poussée de l’urbanisation est manifeste, elle demeure moindre que pour l’ensemble du pays[46].
Poursuivre l’analyse de l’urbanisation pour la période actuelle devient un peu plus complexe, car il est désormais difficile de se contenter de classer les communes en fonction de leur capacité à atteindre 2 000 habitants agglomérés. Entretemps, l’INSEE a dû prendre en compte les effets de l’étalement urbain dans les communes proches du centre urbain, puis dans celles qui sont de plus en plus éloignées. Aux unités urbaines associant la ville-centre et sa banlieue, se sont ajoutées les aires urbaines qui tentent de mieux prendre en compte la périurbanisation en incorporant des communes sous l’influence directe de la ville-centre en prenant en compte les déplacements quotidiens pour le travail.
Sur cette base, l’INSEE propose au recensement de 2006, cette nouvelle répartition entre urbain et rural (voir la figure). 70 % des Aquitains résident dans des espaces à dominante urbaine contre 30 % dans le rural[47]. Par comparaison avec l’ensemble du territoire français, la ruralité de l’Aquitaine est plus marquée, puisque pour la France entière, 82 % des habitants appartiennent à des espaces urbains.
Toutefois la ruralité en Aquitaine est une notion qui diffère selon le département auquel on appartient. Ainsi, la part de la population inscrite dans des espaces à dominante urbaine approche 80 % dans le cas de Pyrénées-Atlantiques et dépassent 85 % dans le cas de La Gironde. En contrepartie, les trois autres départements affichent des valeurs bien plus faibles, si bien qu’il y a toujours plus de ruraux que d’urbains en Dordogne et surtout dans les Landes où l’INSEE totalise 39 % d’habitants dans les espaces à dominante urbaine.
En réalité le rapport entre urbain et rural est encore plus complexe. Comme on peut le constater sur le graphique ci-contre, les espaces à dominante urbaine regroupent le pôle urbain (ville-centre et banlieue), des communes monopolarisées, c’est-à-dire sous l’influence de la grande ville, ainsi que des communes multipolarisées, soumises à l’influence de deux agglomérations (par exemple, les communes situées entre l’agglomération de Bordeaux et celle d’Arcachon). On est ici dans la logique des aires urbaines. Pour le rural le découpage comprend deux entités : le pôle d’emploi et sa couronne et les autres communes rurales. Or le pôle d’emploi et sa couronne constitue une ville, le plus souvent classée comme unité urbaine par l’INSEE. Ses habitants sont aussi des urbains. En fait, l’INSEE, a placé en espace à dominante rurale, des ensembles urbains isolés, rayonnant sur des territoires à vocation rurale manifeste. Les petites villes de Ribérac (Dordogne), Lesparre (Gironde), Morcenx (Landes) Nérac (Lot-et-Garonne) et Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) illustrent cette situation. On peut en revanche s’interroger sur le cas d’autres unités urbaines placées dans les espaces à dominante rurale : Capbreton et Biscarrosse (Landes) sont-elles des entités urbaines isolées comme l’a décidé l’INSEE, ou bien des satellites de l’agglomération de Bordeaux et de Bayonne ? Ce point sera évoqué plus loin.
En considérant que la population urbaine rassemble les habitants des aires urbaines et des unités urbaines, même si ces dernières sont plus fortement insérées dans un tissu rural, on peut avancer que 80 % des aquitains sont des citadins et 20 % des ruraux.
Armature urbaine : Bordeaux et les autres unités urbaines
En prenant en compte les unités urbaines[48], il est possible de dégager les grandes lignes de l’armature urbaine de l’Aquitaine. Celle-ci se caractérise par l’écrasante domination d’une très grande agglomération multicommunale, Bordeaux, qui regroupe un peu plus de 800 000 habitants en 2006, par la présence de deux autres unités urbaines qui approchent 200 000 habitants (Pau et Bayonne)[49], par l’existence d’une poignée d’unités urbaines qui comptent de 50 000 à 100 000 citadins (Agen, Périgueux, Bergerac et Arcachon), par une vingtaine d’autres qui possèdent entre 10 000 et 50 000 résidents, enfin par un nombre plus élevé de petites unités urbaines de moins de 10 000 habitants. Globalement, l’Aquitaine compte une centaine d’unités urbaines lesquelles rassemblent un peu plus de 400 communes.
Sur une période de trente ans, du recensement de 1975 à celui de 2006, une seule unité urbaine a perdu de la population. Il s’agit de celle de Fumel, cité industrielle, lourdement pénalisée par les restructurations qui ont affecté son usine métallurgique (plus de 2 000 suppressions d’emplois) ainsi que d’autres entreprises dans d’autres secteurs d’activités. La petite ville située aux confins du Lot-et-Garonne et du Lot compte aujourd’hui moins de 14 000 habitants contre 15 000 avant la crise.
Pour toutes les autres, la croissance est indéniable, car si on s’en tient aux seules unités urbaines de +10 000 habitants en 2006, leur population urbaine est passée de 1,4 million de personnes à près de 1,9 million. Toutefois, deux cas de figure se présentent : soit la croissance se fait à périmètre constant sur toute la période, soit il résulte aussi de l’agrandissement de l’unité urbaine par incorporation de nouvelles communes dont les constructions nouvelles sont en continuité avec le bâti existant.
Les trois grandes unités urbaines, Bordeaux – Pau – Bayonne, accroissent leur périmètre. Ainsi l’agglomération multicommunale de Bordeaux, passe de 44 communes en 1990 à une cinquantaine en 2006. De même, 20 communes constituent l’unité urbaine de Bayonne contre 17 auparavant. Plus spectaculaire est le changement de périmètre de la capitale du Béarn qui double le nombre de communes qui compose son unité urbaine, ce qui lui permet de devancer très légèrement Bayonne. Toutefois, deux situations sont plus spectaculaires, car l’incorporation de nouvelles communes s’accompagne de l’absorption de petites villes classées jusqu’alors parmi les unités urbaines. Ainsi, l’unité urbaine de Bergerac était composé de quatre communes en 1990, de 21 communes au recensement de 2006, dont la petite ville de Sainte-Foy-la-Grande située en Gironde ce qui porte la population de l’agglomération multicommunale de Bergerac à 63 000 habitants contre 32 600 en 1975. De la même manière, l’unité urbaine de Villeneuve-sur-Lot s’est agrandie des communes placées plus en aval le long du Lot, dont la cité de Sainte-Livrade-sur-Lot, ce qui explique en grande partie le doublement de la population entre 1975 et 2006, soit 45 000 citadins dans ce nouveau périmètre.
Dans la plupart des autres unités urbaines, le périmètre est resté stable au dernier recensement de la population, ce qui n’exclut pas la poursuite de la croissance démographique et même une accélération spectaculaire pour quelques-unes d’entre elles. Andernos, Arès, Biganos et Capbreton doublent leur population entre les recensements de 1975 et 2006. La croissance durant la même période atteint 70 % à Biscarrosse, 65 % à Hendaye et près de 60 % à Arcachon. Toutes bénéficient de la poussée de l’urbanisation sur le littoral. Seule exception parmi celles qui ont une croissance forte, Langon (+62 %) en amont de Bordeaux sur la Garonne.
La lecture de la carte (voir la figure « la population des unités urbaines en 2006) apporte quelques éclairages supplémentaires. Les unités urbaines ne se répartissent pas de manière uniforme au sein de l’espace aquitain. Outre la domination de Bordeaux, on relève que les autres unités urbaines ont une population d’autant plus importante qu’elles sont suffisamment éloignées de la métropole de l’Aquitaine. Ceci se vérifie pour Périgueux et Agen, plus encore pour Pau et Bayonne.
La très grande majorité des unités urbaines se placent sur les grands axes de communication, qui eux-mêmes empruntent les grandes vallées qui traversent le territoire de l’Aquitaine. Il y a un fort contraste entre les alignements de petites villes sur l’axe de la Garonne, de l’Isle ou la Dordogne, et les implantations isolées d’unités urbaines dans les espaces ruraux de la Dordogne et du Lot-et-Garonne. Nul étonnement d’observer le faible nombre d’unités urbaines dans le massif landais en raison des faibles densités humaines. L’agglomération de Mont-de-Marsan apparaît bien seule.
On relève enfin le lien très fort entre nombre élevé d’unités urbaines et la proximité d’une très grande agglomération. À ce titre, Bordeaux se détache avec une véritable nébuleuse d’unités urbaines dans un rayon d’une cinquantaine de km. Phénomène tout aussi sensible autour de l’agglomération multicommunale de Bayonne et également dans le cas de Pau, mais à un degré moindre.
Ceci démontre que l’unité urbaine n’a plus une pertinence suffisante pour appréhender les phénomènes d’urbanisation. Statistiquement, on constate que le poids démographique de Bordeaux au sein de l’ensemble des unités urbaines de plus de 10 000 habitants régresse un peu entre 1975 et 2006, Manifestement, l’étalement urbain se développe au-delà du périmètre de l’unité urbaine et profite aussi aux petites villes qui sont dans son orbite[50].
Permanence de l’armature urbaine dans le temps
La carte du réseau des villes secondaires en 1954 (voir la figure correspondante), soit un demi-siècle auparavant, permet de vérifier la permanence de l’armature urbaine en Aquitaine. Les grands éléments de l’organisation urbaine sont déjà en place, alors qu’à cette date, la région est encore à dominante agricole ce qui se traduit par de plus fortes densités dans le monde rural. Bordeaux est déjà à part. Forte de ses « 100 000 » habitants dès le début du XIXe siècle, la commune-centre plafonne autour de 250 000 habitants tandis que les communes qui la ceinturent prennent de l’importance. C’est en 1954, une agglomération qui regroupait onze commune et totalisait un peu moins de 500 000 citadins.
La hiérarchie entre les autres villes identifiées comme telles en 1954 était la même qu’aujourd’hui pour les plus peuplées : Pau et Bayonne dans le sud de l’Aquitaine, Agen Bergerac et Périgueux dans le quadrant nord-est, Mont-de-Marsan et Dax dans les Landes. Aucune ne passait la barre des 100 000 habitants, la plupart totalisait 30 000 résidents voire moins. Si l’urbanisation du littoral paraissait moins évidente qu’actuellement, il était possible d’identifier déjà ce phénomène dans le Pays basque et tout autour du bassin d’Arcachon.
Cette permanence résulte d’une longue histoire. Bordeaux, Agen et Périgueux s’affirment dès l’époque gallo-romaine en raison de leur situation sur les grandes voies de circulation dans l’Empire romain et des fonctions qu’elles y tiennent. Dans la majorité des autres cas, les petites villes actuelles doivent leur existence à la présence d’un château, à la création d’une abbaye, d’une bastide. Certes, c’est moins ce caractère au demeurant très répandu, que leur avantage de situation à un moment donné qui leur permet d’imposer leur suprématie et de s’affirmer comme un élément de l’armature urbaine régionale. Ainsi, par exemple, alors que tant de bastides ont végété après leur création, Libourne et Villeneuve-sur-Lot ont su tirer parti de leur position de carrefour sur une voie de circulation.
C’est au moment de la Révolution et de l’Empire, que se dessinent les positions acquises par les petites villes apparues lors des phases antérieures. La hiérarchie actuelle, repose incontestablement sur la situation administrative déterminée entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Hors Bordeaux, les agglomérations les plus importantes sont des préfectures ou des sous-préfectures. Il n’y a nul déterminisme dans cette affirmation, mais le constat qu’en fixant une organisation de l’espace au sein de chaque département, le pouvoir donnait un avantage indéniable aux villes dotées de fonctions administratives et d’une capacité de rayonnement sur leur territoire environnant.
La carte de 1954 reflète cette réalité. Bien sûr il y a des exceptions à la règle. Le développement de l’industrie est à l’origine de l’essor de plusieurs petites villes qui ne jouaient pas de rôle majeur dans la carte administrative départementale. Outre Fumel dont il a déjà été question, on relève les cas de Morcenx (exploitation de lignite) et surtout Mourenx dont l’existence est liée à la découverte contemporaine du gaz de Lacq. S’y ajoutent les stations balnéaires sur la côte basque et autour du bassin d’Arcachon. Arcachon est d’ailleurs une création du Second Empire.
L’intérêt de la carte du réseau des villes secondaires est de faire ressortir un classement fondé sur la taille et les fonctions dominantes déterminées par l’importance des grands secteurs d’activités au recensement de 1954. Les villes les plus peuplées apparaissent à cette date comme des centres commerciaux et administratifs avec plus de 45 % d’emplois dans le tertiaire. Les stations touristiques bénéficient de ces mêmes fonctions, de même que de petites villes pourtant insérées dans leur milieu rural, comme Langon. Quelques sous-préfectures, principalement Villeneuve-sur-Lot, Marmande et Sarlat, sont considérées comme des marchés ruraux parce que leur population active résidente comptait moins d’emplois d’actifs dans le tertiaire que les précédentes alors que le secteur primaire est plus fourni.
Si une moitié des villes de l’Aquitaine en 1954 dépendait déjà du développement du secteur tertiaire pour porter leur croissance économique et démographique, une autre moitié environ avait leur sort lié à la place tenue par les activités industrielles et artisanales. Cela est très significatif pour presque toutes les petites villes des Pyrénées-Atlantiques et du Lot-et-Garonne. Le plus souvent, ces cités étaient marquées par la mono-activité : métallurgie à Fumel ou Casteljaloux, papeterie à Terrasson-Lavilledieu ou Facture, industries de la personne dans les centres urbains du piémont pyrénéen ou à Mussidan. Ces activités ont largement bénéficié de la période de forte croissance économique des années 1960, tirée à la fois par la demande nationale et surtout par les besoins régionaux et locaux. La crise qui débute en 1975 et la concurrence accrue dans le cadre de la mondialisation, mettent à mal ce tissu industriel de PME insuffisamment armées pour résister à la concurrence et pour faire évoluer leur production. Pour autant, ce recul du secteur secondaire n’a pas eu d’effet trop négatif sur la croissance démographique, sauf dans le cas de Fumel. L’essor du tertiaire a pu compenser les pertes dans l’industrie.
Les aires urbaines : étalement urbain et concentration des emplois dans les pôles
L’Aquitaine n’a pas échappé au mouvement qui conduit les habitants à délaisser le centre des villes au profit des banlieues dans un premier temps, puis les communes rurales qui forment le périurbain. Si ce mouvement se poursuit, il a connu sa phase maximale entre les recensements de 1975 et de 1982. Ce changement, enlevait une grande partie de sa valeur à une définition des villes fondées sur la continuité du bâti. L’INSEE a proposé pour y remédier la notion d’aire urbaine[51] qui permet de conjuguer deux variables des modes de vie actuels : résidence de plus en plus éloignée principalement pour accéder à la propriété immobilière mais obligation de continuer à se rendre, pour y travailler, dans le cœur des villes[52].
En 1999, selon l’INSEE, les aires urbaines de l’Aquitaine recouvraient près de 30 % de l’espace régional, soit entre quatre et cinq fois plus qu’en 1968. Si cinq habitants sur dix résidaient dans une aire urbaine en 1968, on en comptait sept sur 10 en 2006. C’est dire le renforcement de l’attractivité des principales villes, mais ce processus demeure moins marqué en Aquitaine que dans le reste du territoire français.
En reconstituant les aires urbaines depuis le recensement de 1968, dans les limites de celles-ci au recensement de 1999 (voir la figure), l’INSEE donne la possibilité d’apprécier l’intense bourgeonnement qui affecte les villes d’Aquitaine, phénomène d’autant plus visible que l’agglomération est très peuplée. En 1968 le périmètre des aires urbaines se superposait à peu de chose près à la proche banlieue. Par la suite, la forte périurbanisation enregistrée au cours des recensements de 1975 et 1982 se traduit par la constitution des auréoles qui encerclent le pôle urbain (commune centre et proche banlieue) où les emplois se maintiennent. Au cours des deux dernières décennies l’étalement urbain se poursuit en incorporant des communes de plus en plus éloignées de telle manière que de nouvelles continuités s’esquissent.
Ainsi, l’unité urbaine de Terrasson-Lavilledieu en Dordogne jouxte l’aire urbaine de Brive-la-Gaillarde. Les aires urbaines d’Agen et de Villeneuve-sur-Lot se mêlent par poussée de l’urbanisation le long de la RN 21 qui les relie. L’aire urbaine de Pau est de plus en plus étendue, à tel point qu’elle vient se frotter à celle d’Oloron-Sainte-Marie et qu’elle entre en contact avec celle de Tarbes. Plus significatif encore sont les évolutions observées autour des aires urbaines de Bayonne et de Bordeaux. L’aire urbaine d’Hendaye apparaît intégrée dans celle de Bayonne, tandis que vers l’ouest (Cambo-les-Bains) et vers le nord-nord-est, l’aire urbaine de Bayonne se prolonge par toute une série d’unités urbaines dont la population s’accroît en raison justement de la présence de la grande ville. L’interrogation sur la nécessité de considérer une entité bordelaise débordant sur le Libournais et le bassin d’Arcachon est récurrente depuis plusieurs années. Les extensions successives de l’aire urbaine au gré des recensements confirment cette approche, mais la question de la continuité se pose aussi quand on considère les dynamiques récentes vers Biscarrosse au sud du bassin et vers Langon sur l’axe de la Garonne.
Bayonne et Bordeaux sont également les deux agglomérations où la densification compte autant que l’extension de leur périmètre par incorporation de nouvelles communes pour expliquer la croissance démographique de leur aire urbaine respective. Ainsi, pour Bordeaux, l’INSEE propose un comparatif de la variation de la densité de population des ménages au cours des années 1990 (voir figure). Cette représentation, exprimée en habitant par km2 et par an, permet de faire quelques constations importantes. L’étalement urbain s’accompagne d’une densification entre les recensements de 1990 et 1999 à tel point que les auréoles de densification observées entre les recensements de 1990 et 1999 ne dépassent pas l’actuelle zone où la variation de densité actuelle est comprise entre 1,1 et 2,5 par habitant et par an. En outre, cette densification s’avance plus loin encore le long de quelques grands axes comme au sud-est vers Langon et à l’est vers Libourne. Bordeaux et le bassin d’Arcachon ne sont plus séparés que par une forme d’occupation qui privilégie encore les faibles densités. Nul doute que la densification se fera plus forte au cours des prochaines décennies. Notons enfin que la variation de densité demeure la plus forte au cœur des aires urbaines et qu’elle n’est plus limitée dans le cas de Bordeaux à la seule commune centre. Il faut y voir l’effet des politiques de densification sur les territoires urbains les plus anciennement occupés. Les opérations immobilières en cours sur les anciens terrains industriels de la rive droite de la Garonne dans la commune de Bordeaux participent, à titre d’exemple, à cet accroissement de la densification.
Le recensement de 2006 conforte l’attractivité de Bordeaux et du littoral
Un peu plus de 2 100 000 personnes résident désormais dans les dix-sept aires urbaines que compte l’Aquitaine, soit de l’ordre de 150 000 citadins supplémentaires par rapport au recensement de 1999. Désormais, sept aquitains sur 10 vivent dans des espaces où l’étalement urbain se développe en fonction de l’importance des emplois offerts dans la commune-centre et sa proche banlieue. Dans cet ensemble de 17 aires urbaines, le poids de celle de Bordeaux est considérable, proche de 50 % et en très légère progression entre les deux derniers recensements. Tout aussi significatif de la place prise par les trois grandes agglomérations de l’Aquitaine, les aires urbaines de Bordeaux, Pau et Bayonne rassemblent plus des 2/3 (69 %) des citadins habitants dans des aires urbaines, un peu plus de 45 % de la population totale de l’Aquitaine.
L’analyse des variations durant la période intercensitaire (1999-2006) fait ressortir trois groupes d’aires urbaines. Un premier ensemble est formé de celles qui enregistrent un taux de croissance, sur la période, inférieur à 5 %, soit six aires urbaines : la plus faible progression concerne les aires urbaines d’Oloron-Sainte-Marie et Orthez, suivent ensuite celles de Sarlat, Villeneuve-sur-Lot, Bergerac et Périgueux. Sept autres aires urbaines connaissent une variation positive comprise entre 5 % et 10 % : c’est notamment le cas des trois villes les plus peuplées, ainsi qu’Agen, Mont-de-Marsan, Libourne et Marmande. La croissance est supérieure à 10 % dans quatre aires urbaines : Arcachon, Dax, Hendaye et Langon. Comment ne pas souligner, dans le cas de ces quatre dernières, que deux d’entre elles sont dans la mouvance de l’agglomération bordelaise tandis que les deux autres sont sous l’influence de Bayonne.
Il n’est pas possible de s’en tenir aux évolutions au sein du groupe des aires urbaines. Des dynamiques démographiques se produisent à leur périphérie comme le montrent les résultats du recensement de 2006, ce qui tend à prouver que les périmètres des aires urbaines ne recouvrent pas très exactement les processus d’étalement urbain. Pour le montrer, on a porté sur une carte les aires urbaines et on observe la croissance urbaine entre 1999 et 2006 en périphérie de ces espaces urbains et périurbains (voir la figure).
De manière générale, toutes les périphéries des aires urbaines bénéficient de la proximité d’une ville importante. Toutefois, cette poussée en périphérie reste modeste dans les aires urbaines de la moitié orientale de l’Aquitaine, principalement pour l’aire urbaine de Pau–Oloron-Sainte-Marie qui compte déjà quelque 170 communes. Observons cependant, dans le cas de Sarlat l’inadéquation entre le périmètre de l’aire urbaine et celui de la zone périphérique concernée par des dynamiques plus récentes.
C’est cependant dans l’orbite des aires urbaines de Bordeaux et de Bayonne que les communes périphériques enregistrent des gains de population significatifs. Quasiment toutes les communes entre l’estuaire de la Gironde et Biscarrosse sont touchées par ces nouvelles dynamiques, l’attrait du littoral étant toujours plus élevé. Si l’immédiat arrière-pays de Bayonne connaît des variations positives, c’est principalement au nord-nord-est de l’agglomération, le long du littoral et en direction de Dax et de Peyrehorade, que la poussée urbaine semble la plus forte.
Il faut relativiser cette avancée de l’urbanisation en dehors du périmètre des aires urbaines ou des unités urbaines, car, le plus souvent, les communes affectées par ces gains sont peu peuplées et, en fin de compte, cela ne modifie pas significativement le poids démographique des aires urbaines. À titre d’exemple, le record de croissance, exprimé en % durant la période intercensitaire est le fait de la commune de Dumes (+80 %) au sud de Saint-Sever car elle passe de 133 à 240 habitants. Les deux communes suivantes ayant un fort taux de croissance, possèdent également de moins de 500 habitants, se situent dans le canton de Tartas ouest, entre Dax et Mont-de-Marsan.
Mais il est des évolutions qui interpellent et permettent de poser la question de la pertinence, dans le futur, des périmètres actuels des espaces urbains et périurbains autour de Bayonne et de Bordeaux[53]. Certes, ces communes ou ces unités urbaines concernées sont des stations touristiques qui profitent de l’engouement pour le littoral. Certes, elles ne satisfont pas au critère de 40 % d’actifs se déplaçant vers le cœur de l’agglomération. Incontestablement, pourtant, elles sont de plus en plus dans la sphère d’influence de Bordeaux ou Bayonne et leur propre extension urbaine peut apparaître comme un prolongement de ces grandes villes si proches.
Si les cités touristiques de la Pointe du Médoc restent un peu à l’écart de ces dynamiques favorables, toutes les autres stations fréquentées par les bordelais enregistrent de fortes croissances. Du nord au sud, on observe les évolutions suivantes : Vendays-Montalivet gagne 300 habitants entre les recensements de 1999 et 2006 (+18 %), Lacanau dépasse désormais 4 000 citadins (+30 %), Carcans atteint 2 000 résidents (+33 %), Le Porge progresse de 1 500 à 2 200 personnes (+45 %), l’unité urbaine d’Arès–Lège-Cap-Ferret approche 15 000 habitants (+15 %). Ces évolutions démographiques amènent à se poser des questions sur la zone urbaine qui encercle le bassin d’Arcachon[54]. Actuellement, elle est partagée entre l’aire urbaine de Bordeaux pour sa partie nord, celle d’Arcachon au sud et l’unité urbaine d’Arès-Lège-Cap-Ferret à l’ouest. Ce découpage reflète-t-il la réalité ?
Ces mouvements démographiques débordent désormais du département de la Gironde pour affecter la partie du département des landes proche du bassin d’Arcachon et de l’agglomération de Bordeaux. À une heure de Bordeaux, Sanguinet enregistre une des plus fortes croissances démographiques au cours de la dernière période intercensitaire : +45 %. La petite cité qui profite de sa position sur le grand lac et de la proximité des stations touristiques en bord de mer, atteint maintenant un peu plus de 2 000 habitants. Si Biscarrosse connaît une progression moins rapide en pourcentage, elle apparaît cependant comme une ville touristique à part entière avec ces 12 000 habitants en 2006, soit près de 3 000 personnes supplémentaires depuis 1999. Et ces gains affectent aussi des petites villes plus éloignées du littoral comme Parentis-en-Born (+11 %) qui compte 5 000 citadins ou Ychoux (+13 %).
En ce qui concerne l’agglomération de Bayonne, la poussée hors de l’aire urbaine se concentre sur la partie nord. Si l’effet tourisme joue, notamment autour de Capbreton, l’attractivité de cette zone tient plus à l’existence de deux autoroutes et de leurs échangeurs, ainsi qu’à la proximité de la ville de Dax. L’aire urbaine de Bayonne incorpore déjà des communes landaises, toutes celles du canton de Tarnos, plus Labenne et Orx dans le canton de Saint-Vincent-de-Tyrosse. Le recensement de 2006 souligne que la progression démographique concerne aujourd’hui des communes bien plus éloignées. Globalement, l’arrondissement de Dax progresse de 12 % et gagne un peu plus de 20 000 habitants. Le canton de Saint-Vincent-de-Tyrosse est toujours le principal bénéficiaire de cette progression démographique, principalement Saint-Jean-de-Marsacq et Saubion (+34 % chacune), la commune de Saint-Vincent-de-Tyrosse (+27 %) qui compte maintenant près de 7 000 citadins. Capbreton est légèrement plus peuplée mais ne progresse que de 13 %.
Tout à fait nouveau est la croissance de la population dans le canton de Peyrehorade ou dans celui de Bidache. Certes les gains de population sont modestes car toutes les communes affectées sont peu peuplées en dehors de Peyrehorade, mais elles enregistrent presque toutes des taux de progression supérieurs à 15 % pour la période 1999-2006 et elles accueillent de nouveaux venus. Au total, le canton de Bidache gagne un peu moins de 800 habitants et celui de Peyrehorade 1 300 et cette petite ville compte désormais 3 500 citadins.
Cette avancée de l’urbanisation au contact de l’aire urbaine de Bayonne est également perceptible dans l’arrière Pays basque. Le canton de Cambo-les-Bains ajoute 2 000 personnes à sa population de 1999, ces nouveaux venus privilégiant l’installation dans le chef-lieu qui totalise maintenant près de 6 000 habitants.
Urbanisation, intercommunalité et aménagement de l’espace urbain
La nécessité de considérer aujourd’hui l’urbanisation de l’Aquitaine au prisme des unités urbaines ou des aires urbaines conduit également à observer si ces évolutions interfèrent avec la progression de l’intercommunalité et la manière dont cette dernière a pris en compte le rôle des villes (voir la figure « Aires urbaines et intercommunalité »)[55].
La loi de 1999, dite Chevènement, fixe le rôle des EPCI (Établissement public de coopération intercommunale) à fiscalité propre en reconnaissant trois niveaux : communauté de communes (CDC), communauté d’agglomération (CA) et communauté urbaine (CU). L’Aquitaine compte une communauté urbaine, huit communautés d’agglomération alors qu’il existe 17 aires urbaines. Une très large majorité des unités urbaines d’Aquitaine sont des CDC.
Seule l’agglomération de Bordeaux possède les caractéristiques (au moins 500 000 habitants) permettant d’être une communauté urbaine. La CUB (communauté urbaine de Bordeaux) regroupe 27 communes depuis sa création en 1968. Si son périmètre était adapté à la situation démographique des années 1960, il apparaît aujourd’hui, sans même considérer l’aire urbaine, que les 27 communes ne recouvrent qu’une partie de l’unité urbaine. Aucun changement de périmètre ne semble actuellement possible et cela sera d’autant plus difficile que les communes hors CUB, appartenant à l’unité urbaine, s’opposent souvent avec détermination à toute tentative de modification du périmètre de la CUB en dénonçant l’hégémonisme de la ville-centre. De fait, comme le montre la figure, autour du noyau qu’est la CUB, se sont constituées des communautés de communes jalouses de préserver leur autonomie et leur capacité à offrir des terrains aux entreprises et aux particuliers. Il convient de signaler aussi, que ces communautés de communes qui encerclent la CUB comptent presque toujours moins de 10 communes, que ces regroupement sont fondées plus sur des affinités politiques ou de proximité que sur des projets et qu’enfin leur superficie est plus grande à l’ouest parce que les communes landaises sont très vastes comparé à l’extrême morcellement communal de l’Entre-deux-Mers, par exemple.
Pour devenir une communauté d’agglomération, il faut respecter trois critères : rassembler au moins 50 000 habitants, disposer d’une commune ayant au minimum 15 000 habitants et que la nouvelle entité soit géographiquement d’un seul tenant et sans enclave. Quand on observe la situation en Aquitaine, on constate qu’il n’y a que huit CA, que ces dernières sont presque toujours en inadéquation avec le périmètre de l’unité urbaine. Quelques-unes de ces CA sont d’anciens districts ; tels Bayonne et Arcachon. Dans ces deux cas, on s’est contenté de passer du périmètre du district à celui de la communauté d’agglomération. La CA de Bayonne comporte trois communes (Bayonne, Anglet et Biarritz) rassemblant un peu plus de 100 000 personnes quand l’aire urbaine est deux fois plus peuplée. La communauté d’agglomération du Bassin d’Arcachon Sud totalise un peu plus de 50 000 citadins sur quatre communes : Arcachon, La Teste, Gujan-Mestras et Le Teich.
Notons également que la CA de Pau avec ces 14 communes ne coïncide par parfaitement avec l’unité urbaine même si elle compte 150 000 habitants. Situation semblable dans la CA d’Agen qui réunit sept communes seulement et pourtant 62 000 citadins. C’est la situation de l’intercommunalité à Périgueux qui est la plus dommageable pour une meilleure réflexion sur la gestion des territoires urbanisés. En effet, la CA de Périgueux regroupe 13 communes situées à l’ouest, alors que celles de l’est se retrouvent dans une CDC dont toutes les communes appartiennent à l’aire urbaine, dont la plus peuplée, Boulazac, sur laquelle sont installées de nombreuses entreprises industrielles et commerciales, source de recettes fiscales importantes.
Pour toutes les autres CA et celles à venir, il a été ou il sera plus difficile de parvenir à la barre de 50 000 habitants en raison de l’obligation d’incorporer des communes peu peuplées et de connaître le risque de se heurter à la résistance de celles qu’il faudrait inclure dans la périmètre pour qu’il n’y ait pas d’enclave. Si dans ces cas de figure, l’adéquation entre aire de la communauté d’agglomération et l’aire urbaine est proche elle n’est jamais parfaite car comme à Périgueux les oppositions entre élus conduisent à des incohérences. La CA de Mont-de-Marsan a pu être créée en 2002 lorsque l’adhésion de trois communes a permis d’atteindre le seuil de 50 000 habitants. C’est une CA où seules quatre communes sur 18 comptent plus de 1 000 personnes, dont un peu plus de 30 000 pour le chef-lieu des Landes. Il a fallu attendre 2007 pour que naisse la CA du Grand Dax en commençant par la réunion de quatre communes dans une CDC (1993), puis la création d’un SIVOM réunissant 20 communes des cantons sud et nord.
Volontaire pour l’apparition d’une CA de Marmande, son maire n’a pu y parvenir, car dans un périmètre très élargi, prenant en compte l’aire urbaine, rendu nécessaire par la nécessité d’atteindre le seuil de 50 000 habitants, trois communes s’y sont opposées. L’État n’ayant pas tenu compte de leur volonté de ne pas être dans le périmètre, elles ont obtenu gain de cause auprès du tribunal administratif, arguant de leur caractéristique rurale alors même qu’elles développent des zones d’activités en bénéficiant de leur proximité par rapport à Marmande et à Tonneins. Actuellement, le maire de Libourne envisage une CA qui, en raison des oppositions des élus des communes de la partie occidentale du Libournais, devrait se réaliser avec la partie orientale de l’aire urbaine, celle qui est la plus la plus éloignée de Bordeaux. Il a fallu 10 ans de tractation pour que les trois CDC de l’agglomération de Bergerac fusionnent ce qui devrait permettre la naissance d’une CA de 53 000 habitants en 2012.
Face à des constructions intercommunales aussi variées dans les espaces urbains, on imagine sans peine que les approches dans le domaine de la planification urbaine sont peu aisées et différentes selon les grandes zones d’urbanisation. On s’en tient à la seule planification urbaine, mais il conviendrait aussi de regarder comment les EPCI, à partir de leurs compétences, principalement en matière de développement économique et durable, gèrent les espaces urbanisés dont elles sont la charge.
Instauré par les lois SRU de 2000, le schéma de cohérence territoriale (SCoT) est un document d’urbanisme qui détermine, à l’échelle de plusieurs communes ou groupement de communes, l’organisation du territoire, les grandes orientations en matière de politiques publiques (habitat, déplacements, économie). Depuis Grenelle II, ces documents d’urbanisme (ainsi que les PLU) doivent préciser les efforts à réaliser pour réduire la consommation d’espace, les déplacements et assurer un équilibre dans la répartition des activités au sein du territoire concerné.
Plus encore que dans le reste du territoire métropolitain, le morcellement intercommunal observé en Aquitaine est à l’origine d’un retard important dans la mise en place des SCoT et ne permet pas dans plusieurs cas d’opter pour les périmètres les plus pertinents pour la meilleure gestion des espaces urbains (voir la figure Espaces urbanises et aménagement du territoire en Aquitaine). La plupart du temps en effet, il a fallu mettre en place des syndicats mixtes à la territorialité plus étendue que les EPCI existantes au sein des aires urbaines, afin de mieux prendre en compte la périurbanisation active sur les franges des agglomérations.
Le retard pris dans l’élaboration des SCoT a peut-être permis de déterminer des périmètres qui sont plus en phases avec l’étalement urbain. Périgueux, Marmande, Villeneuve-sur-Lot, Mont-de-Marsan, Dax et plus récemment Pau (2010) ont opté pour des SCoT qui couvrent de manière assez parfaite leur aire urbaine. Il en sera probablement de même pour Bergerac, mais le syndicat mixte est en cours de constitution.
Comme on peut aisément l’imaginer, c’est dans les espaces urbains sous influence des trois principales villes de l’Aquitaine que la réflexion sur les périmètres a été la plus complexe. Fallait-il dans les vastes espaces d’urbanisation un ou plusieurs SCoT ? L’observation de la situation actuelle (très changeante car des projets de SCoT sont en discussion comme à Libourne, Langon et Bergerac) montre que les élus ont opté pour plusieurs SCoT. Ainsi, alors que les périmètres des SCoT de Oloron-Sainte-Marie et de la région de Lacq ont été arrêtés en 2008, celui de Pau n’a vu le jour qu’en 2010, reste d’ailleurs à confirmer, mais devrait probablement coïncider avec l’aire urbaine de la ville principale du Béarn. Moins vaste, l’aire urbaine de Bayonne est aujourd’hui couverte par trois ou quatre SCoT selon qu’on insère le Grand Dax dans cette dynamique démographique du sud-ouest de l’Aquitaine. Ce choix reflète les découpages intercommunaux et les rivalités entre la partie nord et sud du littoral du Pays basque et les parties landaises de l’agglomération.
Les discussions pour déterminer le périmètre le plus pertinent pour mieux gérer et orienter l’évolution de l’agglomération de Bordeaux ont abouti à la création du Syndicat mixte du schéma directeur de l’aire urbaine bordelaise (Sysdau) en 1996. Son périmètre qui rassemble un peu moins de 100 communes pour 167 000 ha, dont Bordeaux Métropole (Ancienne communauté urbaine de Bordeaux), ne recouvre qu’une partie de l’aire urbaine de Bordeaux (au sens INSEE). De plus, les élus n’ont pas suivi les recommandations des services de l’État qui estimaient que le SCoT devait concerner non pas la seule aire urbaine de Bordeaux, mais également celles d’Arcachon et Libourne, ce qui correspond à l’axe de développement urbain de l’agglomération.
Autour de ce SCoT central, approuvé en 2014, on constate que les communes du littoral ont pris de l’avance sur celles de la partie orientale. Si la Pointe du Médoc dispose d’un SCoT opérationnel, il ne concerne pas la totalité du Médoc. Le SCoT des Lacs Médocains, en projet depuis 2008, ne concerne pas toutes les communes entre ces lacs et le SCoT de l’aire métropolitaine Bordelaise ; de même il ne jouxte pas celui du bassin d’Arcachon. Un autre SCoT est en préparation (SCoT 2033) sur les autres communes du Médoc. La création d’un Parc Naturel Régional sur ce territoire emblématique de la région devrait également changer la donne dans les années à venir. Au moins, le SCoT du bassin d’Arcachon et du Val de Leyre prend en compte la totalité de cet espace très convoité aux portes de Bordeaux. En revanche, ce SCoT s’interrompt sur les limites départementales car les oppositions sont fortes, notamment de la part des départements, d’accepter que des découpages administratifs débordent des limites départementales.
De la même manière, le SCoT du Libournais, inclut le secteur de Sainte-Foy-la-Grande, alors que les services de l’INSEE placent cet ensemble dans l’aire urbaine de Bergerac. Ici aussi, la limite départementale s’impose dans la détermination des espaces soumis à un document d’urbanisme.
Si, dans cette approche de l’urbanisation, on s’en tient aux documents SCoT en raison de leur lien avec la dimension des aires urbaines, il ne faut pas perdre de vue que d’autres analyses sont à effectuer pour articuler les SCoT aux plans locaux d’urbanisme (PLU), sachant que ces derniers sont majoritairement communaux et que les maires conservent une liberté considérable en matière d’aménagement urbain de telle manière que la gestion de l’étalement urbain reste soumise à des décisions communales.
Réseaux urbains en Aquitaine et dans sa périphérie
Le premier schéma d’armature urbaine avait été établi en 1965. Il distinguait, en fonction de la population et des services offerts, cinq niveaux : une capitale régionale Bordeaux, une sous-capitale Pau, trois centres principaux (Bayonne, Agen et Périgueux), huit centres secondaires (Mont-de-Marsan et Dax, Arcachon et Libourne, Marmande et Villeneuve-sur-Lot, Bergerac et Sarlat) et enfin neuf centres relais souvent reliés aux précédents (Orthez, Oloron-Sainte-Marie, Aire-sur-Adour, Biscarrosse, Pauillac Blaye Langon, Sainte-Foy-la-Grande, Fumel). Comme on a pu le constater dans les lignes qui précédent, cette organisation urbaine fait preuve d’une très grande stabilité jusqu’à l’orée des années 1980. Mais à partir de cette date, la crise de l’industrie met en difficulté un certain nombre de petites villes, surtout la poussée littorale de l’urbanisation renforce le poids de Bayonne, réduit l’influence d’Agen et plus encore de Périgueux, tandis que la suprématie de la métropole régionale est confortée[56].
La figure correspondante souligne le fonctionnement actuel en réseau plus qu’en niveaux comme cela avait été défini dans les années 1960. L’environnement n’est plus le même : les villes n’ont plus principalement un rapport à leur zone d’influence, elles sont aussi en compétition et les évolutions des plus importantes ont un effet sur celles de rang inférieur. Aborder l’analyse sous l’angle du réseau permet d’expliquer les interactions entre les composantes d’un système urbain dominé par Bordeaux. De plus, il n’est plus possible d’analyser les villes de l’Aquitaine sans se replacer dans un environnement plus large en intégrant la périphérie et sans aborder les perspectives européennes.
Le système urbain aquitain peut être qualifié de « polarisé intégral » assorti de relations linéaires entre la métropole polarisante et les villes qui sont sous son influence. Les villes moyennes de 100 000 habitants et plus sont disposées en auréole à au moins 100 km de Bordeaux. Toutes ces villes sont liées à leur métropole par des autoroutes ou des voies rapides et pour l’agglomération paloise se sera chose faite en décembre 2010. Bien entendu, la domination de Bordeaux sur les chefs-lieux des deux départements charentais n’est pas totale, ne serait-ce que parce qu’elles dépendent administrativement de Poitiers. En outre la situation au sud de l’Aquitaine est un peu plus complexe car les aires urbaines de Pau et de Tarbes se joignent et toutes deux peuvent jouer de leur proximité par rapport à Toulouse.
De fait, si on observe l’Aquitaine et sa périphérie, on constate que le sud-ouest de la France appartient à un système urbain bipolaire dans lequel Bordeaux et Toulouse sont plus rivales que complémentaires. Cette bipolarité pèse sur la réalisation des grandes infrastructures du futur comme la ligne à grande vitesse (LGV). Il est avéré désormais que sa construction doit se poursuivre jusqu’à Toulouse pour assurer la rentabilité.
En ouvrant un peu plus le regard sur la périphérie et en se limitant à la façade atlantique, on note que si Bordeaux est bien au centre, elle n’est qu’une des quatre métropoles qui maillent ce territoire. C’est un autre élément du réseau à l’échelle de la France, cette fois-ci, chacune de ces villes millionnaires ou presque, se positionnant à au moins 200 km. Dans ce schéma, Nantes a peu de liens avec Bordeaux et Toulouse tant est grande la proximité de Paris, place incontournable dans l’organisation urbaine de la France, ce qui justifie pour les présidents de Région que Bordeaux et Toulouse disposent rapidement d’une LGV vers Paris et les pays du nord de l’Europe. Pour autant, Toulouse joue d’autres cartes comme une liaison plus directe vers Lyon et l’espace rhénan ou en direction de Barcelone.
Or, aux portes sud de l’Aquitaine, se trouve la conurbation du Pays basque dont Bilbao est la capitale économique incontestable. Malgré quelques relations politiques et économiques entre Bordeaux et Bilbao, malgré quelques tentatives pour fédérer les politiques publiques entre Bayonne et Saint-Sébastien, la frontière continue de freiner toute réflexion sur la situation urbaine de cette partie du littoral atlantique. Or, on est droit de s’interroger sur l’évolution future de l’aire urbaine de Bayonne prise au sens le plus large possible, c’est-à-dire en incorporant les avancées de l’urbanisation vers Dax. On pourrait en effet, sous cet angle, considérer que Bayonne est une composante septentrionale de la conurbation dont Bilbao est le leader incontesté. Ce qui reste purement théorique pour des raisons politiques, peut le devenir dans le futur et cela devrait conduire dès maintenant à réfléchir aux impacts possibles en ce qui concerne le développement et l’aménagement.
Plus globalement encore, Bordeaux, au même titre que les autres métropoles de cette façade atlantique, n’a pas une dimension européenne satisfaisante tant sur le plan de la population de spécificités économiques que des capacités à consolider sa place dans la compétition que se livrent les grandes villes. Le schéma plaçant Bordeaux dans la marge du cœur dynamique de l’Union européenne reste d’actualité.
Cet article se veut rendu aussi scrupuleusement qui soit. Afin d’émettre des observations sur ce document autour du sujet « Avionique » veuillez utiliser les coordonnées indiquées sur notre site internet. La raison d’être de elcomponics-aerob.com est de discuter autour de Avionique dans la transparence la plus totale en vous procurant la visibilité de tout ce qui est publié sur ce sujet sur le web Cet article, qui traite du thème « Avionique », vous est spécialement proposé par elcomponics-aerob.com. Très prochainement, nous présenterons d’autres informations pertinentes autour du sujet « Avionique ». Cela dit, visitez de manière régulière notre site.