Sextant Avionique : vers la sortie du purgatoire

Publié le 23 févr. 1993 à 1:01

Issue de la fusion, en 1989, des filiales Crouzet, EAS et SFENA de l’Aérospatiale avec la division électronique de vol de Thomson-CSF, Sextant Avionique est l’un des rares exemples de restructuration importante du secteur des équipementiers en France. Jean-Robert Martin, ancien directeur de Thomson-CSF, aujourd’hui président du groupe piloté conjointement par Thomson-CSF et Aérospatiale, l’affirme : « Cette rationalisation était indispensable, car la France ne peut plus se permettre de payer deux fois les mêmes études. »
Constitué juste avant la crise, l’ensemble a cependant du mal à décoller. Un premier plan social a été décidé en 1991 touchant 800 personnes, motivé pour un tiers par un problème de sur-structure et pour deux tiers par un problème de charge. Aujourd’hui, le premier point est résorbé. Reste la sous-charge qui ne semble pas prête de disparaître compte tenu de l’ampleur de la crise qui frappe le secteur.
En 1992, pourtant, Sextant Avionique a réussi à tenir ses objectifs: son chiffre d’affaires (60 % civil et 40 % militaire) a baissé de 2 % à 5,4 milliards de francs. Le résultat net devrait être à l’équilibre et l’endettement net réduit de 700 millions. Cette embellie permettra peut- être de surmonter avec le moins de casse possible les deux années à venir.
Car, quand Northwest annule et reporte des commandes d’Airbus, le groupe se voit confronté à un glissement des cadences qui le conduit à livrer en un an et demi ce qu’il devait livrer sur douze mois. Résultat, une baisse de charge d’environ 30 %. Au même moment, dans le domaine militaire, les cadences sont aussi revues à la baisse. Le plus beau contrat aéronautique militaire de l’année 1992, la commande de Mirage 2000.5 par Taiwan, ne représente qu’environ 10 millions de francs pour Sextant Avionique !
Des alliances
avec les Allemands
Conséquence, il faut continuer à adapter les effectifs (ramenés à 7.500 personnes), sans exclure aucun type de mesures. « Nous sommes encore loin de toucher à notre force vive car nous avons connu une grosse croissance pendant quinze ans , estime Jean-Robert Martin. Cette période aura au moins eu le mérite de nous mettre dans une tenue de combat, d’enlever la graisse et de développer les muscles. »
Côté civil, Sextant Avionique s’enorgueillit même d’avoir gagné des parts de marché, comme l’imprimante embarquée et les capteurs de secours du Boeing 777. Sa grande ambition est d’être capable de fournir l’avionique intégrée des futurs avions de 100 places, un marché porteur sur lequel la concurrence est forte avec les Américains. Dans le militaire, l’équipementier mise beaucoup sur les acquis du programme Tigre, dont il fait les commandes de vol et le viseur, pour gagner des marchés sur le seul programme nouveau des années à venir, l’hélicoptère de transport NH90, pour lequel les appels d’offres commencent à être lancés.
C’est d’ailleurs pour préparer l’avenir que Sextant Avionique s’est récemment allié à l’allemand BGT pour reprendre à 50.50 la société VDO qui travaille déjà sur le Tigre, le NH90 et l’Eurofighter. Cette opération, qui le lie désormais aux deux plus gros équipementiers allemands travaillant sur Airbus, devrait lui permettre de ne pas être laissé à l’écart des programmes civils et militaires futurs (dans lesquels l’Allemagne sera forcément très présente) au nom de la sacro-sainte règle du juste retour.
« Nous avons désormais une situation financière qui nous permet d’emprunter pour faire des acquisitions. S’il y a des opportunités, nous les saisirons, notre stratégie d’alliance et de croissance externe étant clairement ciblée sur l’avionique », déclare Jean-Robert Martin. Il n’est pas impossible qu’un léger changement s’opère à terme dans l’actionnariat de Sextant, au profit de Thomson-CSF. L’activité de l’équipementier est en effet plus proche de celle du groupe d’Alain Gomez et une distension des liens avec Aérospatiale favoriserait peut-être le grand objectif de la firme qui est de travailler pour Boeing.

A. S.

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